Thierry Lincou, champion de squash
N°1 mondial du squash dans les années 2000, le
Saint-pierrois Thierry Lincou vit, à 35 ans, à Marseille
avec sa femme et ses deux filles. De sa Réunion natale aux
sommets d’une discipline jusque là dominée par les
Britanniques, le parcours atypique d’un monstre sacré du
squash.
Racontez-nous votre parcours.
Je suis originaire de Saint-Pierre. J’ai découvert le squash
à l’âge de 8 ans lorsque mon père a décidé de construire la
première salle de squash de la Réunion. Après mon bac D en
1993, j’ai dû rejoindre un sport-étude à l’INSEP à Paris.
J’ai commencé ma carrière en faisant en même temps un BTS
Action Co.
Comment cela s’est-il passé ?
Ce changement de vie a été un peu brutal. Quitter son île
natale et son cocon familial à 17 ans pour une chambre de
trois en internat à l’approche de l’hiver a été une
expérience difficile mais utile !
Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?
Une maturité vitesse grand V. J’ai dû être responsable et
dégourdi en France comme dans mes nombreux déplacements à
l’étranger. J’ai appris la patience, la tolérance,
l’humilité, le respect, la ponctualité, l’ouverture aux
autres...
Des qualités utiles pour une carrière professionnelle de
squash. Quel est votre palmarès ?
Champion du Monde en 2004, N°1 mondial en 2005, Vice
champion du Monde en 2003, Vice champion du Monde en équipe
en 2003, quatre titres de champion du Monde de 1998 à 2000
Universitaires, Individuel et par Equipe. J’ai également
décroché 10 titres de Champion de France 22 titres
Internationaux. Je suis actuellement classé N°8 mondial.
Quels sont vos projets ?
Rester dans le haut niveau dans ma discipline et à 35 ans,
prendre encore du plaisir en compétition. La gagne délivre
des émotions uniques et l’entraînement a son lot
d’ingratitude aussi : effort, souffrance, discipline,
rigueur. Je continue aussi de militer activement pour que le
Squash, troisième sport individuel au monde avec 19 millions
de licenciés sur les 5 continents devienne enfin un sport
olympique.
Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?
La famille, le cadre de vie, l’ambiance, la tranquillité, la
nourriture et les plages sans requins...
Quel est votre regard sur la situation socio-économique de
l’île ?
J’ai l’impression que la Réunion aussi a souffert de la
dernière crise. Les gens se plaignent plus souvent mais
c’est la même chose en métropole. Sinon, il y a des créneaux
qui marchent super bien et j’ai l’impression que la Réunion
bouge bien !
Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir
de la Réunion dans votre parcours ?
En étant métisse, on ne passe pas inaperçu. Cela suscite en
général des questions. Il n’y a pas d’inconvénients mais
plutôt une fierté d’être différent. Je représente la Réunion
et la France dans ma discipline.
Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?
J’ai eu la chance d’avoir à 20 ans comme parrain sportif
Jackson Richardson avec qui j’ai passé de bons moments. Il
m’a beaucoup inspiré dans ma réussite professionnelle. J’ai
aussi croisé de nombreux sportifs locaux comme Cazal,
Narcisse, Elvire, Agathe, Robert...
Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?
Les gens à Marseille sont attirés par la Réunion. Ils
recherchent de l’exotisme, une culture différente, la
découverte de paysages grandeur nature, des spécialités
pays... Malheureusement cela bloque souvent au niveau des
tarifs des billets d’avion, surtout en période vacances
scolaires
Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez
et ses habitants ?
J’ai vécu presque 10 ans à Paris et je me suis installe à
Marseille avec ma femme, une zoréole il y a 7 ans. Nous
avons deux filles et nous apprécions beaucoup le cadre de
vie, le climat, la mer, la montagne à côté et les
possibilités de bouger.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?
De tenter l’aventure hors Réunion car cela apporte une
ouverture et une autre vision de la vie. Tout ça pour mieux
apprécier un retour sur l’île !
Le site officiel de Thierry :
www.thierry-lincou.com
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