Le deuxième souffle de Lincou
À 32 ans, le Saint-Pierrois vit pleinement sa "seconde jeunesse
sportive".
Actuellement "en roue libre" à Marseille, Thierry Lincou, n° 5
mondial, profite de sa femme et de ses deux enfants. Une semaine
après sa troisième place lors du tournoi de Londres, qui
réunissait les huit meilleurs mondiaux, le Saint-Pierrois,
ex-champion du monde et n° 1 mondial, revient sur sa saison...
et sa carrière.
Comment vous sentez-vous physiquement ?
"Je me sens en pleine forme, alors que la saison est quasiment
terminée. J’ai connu la première blessure musculaire de ma
carrière l’année dernière, avec ma déchirure au mollet. Mais
aujourd’hui, ça va très bien.
Quel bilan tirez-vous de votre saison ?
Je suis satisfait de mes performances, surtout après les petits
pépins que j’ai eus en 2007. Je retiendrais surtout les
demi-finales dans les tournois majeurs, comme la semaine
dernière à Londres. |
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À 32 ans, Thierry Lincou souhaite profiter de sa passion,
sans pression. Et pourquoi battre de nouveau son pote Grégory
Gaultier, qui mène 4-0 lors de leurs dernières confrontations. |
Vous qui avez connu la gloire, n’est-ce pas frustrant de se
"contenter" de demi-finales ?
Non, pas du tout. Il faut bien comprendre que le squash évolue. C’est
très dur de rester en haut de l’affiche pendant plusieurs années. C’est
déjà bien d’être dans les dix premiers de nos jours. Et puis il ne faut
pas oublier que j’ai 32 ans. Ce n’est pas facile de rivaliser avec des
joueurs de 25-28 ans.
Le niveau est-il plus élevé qu’il y a quatre-cinq ans ? Je ne dirais pas cela. Le niveau n’est pas plus élevé mais ça joue
différemment, surtout depuis le changement de comptage. Aujourd’hui, les
matchs sont en 11 points, et non plus en 15. Les parties sont plus
rapides, plus explosives, plus intenses. Avec comme contrepartie une
augmentation du nombre de blessures. Il y a pas mal de casse.
Justement, qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui ?
Je souhaite tout simplement vivre ma passion. Je suis conscient qu’il ne
me reste que quelques années, alors je tâche d’en profiter au maximum. À
chaque tournoi, j’essaye d’aller le plus loin possible, mais désormais
sans pression du résultat. Le classement mondial n’est plus un objectif.
J’avais pourtant perdu un peu la motivation l’année dernière. Mais les
vacances de Noël passées en famille, à la Réunion, m’ont fait le plus
grand bien. J’ai ressenti comme un second souffle, qui s’est d’ailleurs
traduit dans les résultats. J’ai quand même remporté mon dixième titre
de champion de France cette année. Ce n’est pas rien.
La semaine dernière, vous perdez contre votre camarade
Grégory Gaultier. Est-ce que vous aimez l’affronter ?
En règle générale, je ne préfère pas jouer mes amis, car d’autres
facteurs comme la complicité et l’affectif rentrent en jeu. Il
s’installe comme un match dans le match. Je n’aime pas trop ça.
Gaultier-Lincou : qui est le meilleur ?
Aujourd’hui, c’est lui. Il est n° 2 mondial et m’a battu lors de nos
quatre dernières confrontations. Mais la perspective de le battre et de
redevenir le meilleur est une autre source de motivation.
À 32
ans, est-ce qu’on pense à la retraite ?
J’essaye de ne pas y penser. Il me reste encore au moins 2-3 ans de haut
niveau. J’espère atteindre les championnats du monde 2010. Et pourquoi
pas terminer l’année d’après sur les championnats du monde par équipe.
Quand
revenez-vous à la Réunion ? Au mois de juin. Je disputerai un tournoi à
Saint-Pierre du 25 au 28 juin. Mais j’arriverai une semaine avant afin
de décompresser en famille."
Propos recueillis par Morgan Chari
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